Le coronavirus est une catastrophe sanitaire qui a de multiples impacts : pour l’Homme (plus de 34 000 décès au 30 mars 2020, 2 606 en France), pour nos industries (2,2 millions de salariés en chômage partiel), pour l’économie (les marchés financiers s’effondrent : - 35% sur les places boursières de Paris et Francfort).
En Chine, le mot « crise » s'écrit avec deux signes : l'un signifie « danger » et l'autre « opportunité », quelle pourrait donc être l’opportunité à saisir dans ce contexte de pandémie planétaire ?
La crise du coronavirus pourrait-elle enfin lancer un plan de transition écologique ambitieux ?
L’idée est rassurante, on part d’une catastrophe sanitaire et on arrive sur une utopie écologiste longtemps désirée. Partons des premiers constats que nous pouvons tirer du confinement.
1. Quand Mère Nature reprend ses droits
Avez-vous vu ce qu'il se passe à Venise depuis le début de leur confinement (9 mars 2020) ? Poissons et cygnes ont remplacé les gondoles sur une eau limpide. En Sardaigne, des dauphins nagent fièrement dans le port de Cagliari en narguant les ferrys arrêtés à quai.
Et ailleurs ?
A San Felipe au Panama les ratons laveurs sont revenus sur la plage, à Oakland en Californie des dindes sauvages se chamaillent dans la cour de récréation des écoles et à Nara au Japon les cerfs Sika se baladent dans la ville et les stations de métro !
En France, les loups sont revenus dans la station de Courchevel :
2. Respire, ça sent bon !
Les études se multiplient sur la diminution de la pollution de l’air : Carbon Brief (site web visant à "améliorer la compréhension du changement climatique") indiquait qu’en seulement 2 semaines, la Chine avait diminué de 200 millions de tonnes ses particules de gaz toxiques, ce qui représente une réduction d'un quart de ses émissions de CO2 (étude Analysis of data from WIND Information).
On est en droit d’espérer que notre hexagone suivra cette bonne marche.
Nous sommes 2,2 millions de salariés en chômage partiel au 30 mars 2020, après seulement 14 jours de confinement. Sachant que le trafic automobile contribue à 56% des émissions d’oxyde d’azote, 23% des rejets des polluants PM10 - particulate matter 10 - et 27% pour le PM 2.5 (deux microparticules nocives pour la santé), il y a fort à parier que nous atteindrons des résultats semblables à ceux identifiés en Chine..
Les premières photos de Paris sans pollution commencent à fleurir sur nos réseaux, comme vous pouvez le constater ci-dessous :
3. Le saviez-vous ?
Une étude italienne (vous la trouverez ici) menée par 12 chercheurs des Universités de Bologne, Milan, Bari et Trieste montre que la pollution de l’air aurait accélérée la propagation du virus. Comment ?
L’air pollué est composé de 6 composants (particules solides, de gaz ou de gouttelettes) parmi lesquels on distingue les PM – particulate matter - considérées comme les polluants atmosphériques les plus nocifs pour la santé par l’Agence Européenne de l’Environnement - qui se faufilent dans nos voies respiratoires et qui « constituent un vecteur efficace pour le transport, la propagation et la prolifération des infections virales » rapporte l’étude.
L’Etude ajoute même qu’en plus d’être un vecteur de l’épidémie, « les particules fines constituent un substrat qui permet au virus de rester dans l’air dans des conditions viables pendant plusieurs heures voire plusieurs jours ».
Une nouvelle preuve que nos modes de vie sont nocifs pour la Planète et pour la santé des Hommes. Rappelons que de très nombreuses études alertent sur l’augmentation des risques d’émergence de nouvelles épidémies avec le dérèglement climatique. La fonte du permafrost, un environnement plus propice pour les pathogènes, leur prolifération, et pour les vecteurs de maladies infectieuses tels que les moustiques sont autant d’inquiétude pour notre futur.
4. Comment se servir du coronavirus pour impulser notre transition écologique ?
Cette crise sanitaire du COVID-19 nous montre que nous sommes capables de nous réunir (citoyens, pays, institutions) autour d’une cause commune. Nous avons là une occasion unique de nous servir de cet exemple pour lancer notre plan de transition écologique au niveau international, sachant que le "Green deal" était l'une des priorités de la nouvelle présidente élue de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
En France, 45 députés de tout horizon politique l’ont bien compris et ont déposé samedi 21 mars un amendement dans le cadre du projet de loi sur l’état d’urgence sanitaire pour simplement amorcer une réflexion sur le "Grand plan de transformation de notre société en faveur du climat, de la biodiversité, de la solidarité et de la justice sociale " post-crise.
« Au lendemain de cette crise sanitaire, au moment même où nous devrons tout tenter pour relancer notre économie - quoi qu’il en coûte -, nous aurons alors à mener un autre combat : la lutte pour le climat, la biodiversité et la justice sociale. Pour la gagner, nous devrons tirer toutes les conséquences et engager des changements profonds en ce qui concerne nos modes de production et de consommation pour respecter les limites planétaires, en matière de cohésion sociale, de la solidarité, d’éducation, de démocratie ou encore dans notre rapport à la science », écrivent les députés.
Lundi 23 mars, le gouvernement n’a pas souhaité donner une suite favorable à cet amendement, arrivé « trop tôt » sans doute.
Nous avons malheureusement raté là une occasion de commencer officiellement notre transition écologique post crise du Coronavirus au niveau national.
En attendant, il reste donc les initiatives citoyennes et la mobilisation individuelle pour espérer impulser des changements à l’échelle collective et institutionnelle. Chez eGreen, on travaille sur ces sujets depuis déjà de nombreuses années mais l’actualité récente ne fait que renforcer notre engagement au quotidien. Nous avons notamment développé un jeu mobile, l’application MidowTopia pour encourager les changements de comportement et favoriser la mise en œuvre d’éco-gestes. Cette période de confinement est peut-être le moment idéal pour réapprendre de nouvelles pratiques et découvrir comment diminuer son impact environnemental personnel. Je vous laisse tester ce jeu et les différents défis à faire chez soi, n’hésitez pas à partager vos retours !
A propos de l’auteur :
Thibaut MARCILLIERE, ingénieur et conscient de l'urgence environnementale, est responsable du développement d'eGreen, société spécialisée dans la réduction de notre impact sur la planète au travers de l’analyse des données de consommation et des sciences du comportement.
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